Albert Picard

Existe une difficulté souvent rencontrée en photographie qui place l’artiste photographe que je suis devant une opposition entre la prise de conscience et l’émerveillement provoqués par mes créations.

La familiarité et l’inattendu sont décisifs dans le processus de création. Les juxtapositions fortuites qui apparaissent devant mes yeux méritent d’être explorées, parfois avec humour, parfois avec compassion, ou simplement en prenant le temps de les méditer. J’ai tendance à isoler les sujets tout en cadrant le plus large possible sur l’horizon. Cela donne à voir la complexité dans des images simples, et laisse s’échapper une histoire dans laquelle tout n’est pas ce qu’il semble être. Il y a forcément plus. Le caractère suggestif de mes images suscite l’intérêt. Je ne peut pas être là où se produisent les choses que j’aborde pour les comprendre. Ces images qui s’accumule tout d’un coup deviennent introspectives.

Préoccupé par le sort de l’environnement, je sonde depuis 2012 le territoire où je vis, la Gaspésie. C’est le lieu d’inspiration pour toute ma production. Je pose un regard artistique non sans préoccupation sur nos sociétés qui investissent et façonnent les territoires.

Je me pose souvent la question, que faire ? Et ma réponse, c’est sortir, chercher partout et rapporter les preuves. Les preuves de ce qui est vrai. C’est cela qui a le pouvoir de tout changer.