Exposition – Retourner à l’eau | Maryse Goudreau
L’artiste multidisciplinaire Maryse Goudreau s’est laissée imprégner par le phénomène actuel de forte fréquentation de la nature, qu’a suivi le confinement. Sa sélection d’œuvres à la fois existantes et à la fois nouvelles résonne avec ce besoin d’être connecté au monde. Avec Retourner à l’eau elle nous propose de faire de la nature son guide, son sanctuaire.
On lui a proposé d’utiliser un objet de la collection du MAQ comme point de départ au projet d’exposition et c’est avec un arrosoir et une nasse de pêche qu’elle s’est mise à tisser le sens qui parcourt aujourd’hui l’exposition. L’idée d’une remise à l’eau a fait son chemin dans la symbolique de l’ensemble.
Retourner à l’eau de l’artiste Maryse Goudreau est consacrée aux images, aux pierres et aux sons qui nous connectent aux océans et aux craquements des caps rocheux. Avec des œuvres immersives comme : Dans le ventre de la baleine ou Ceux et celles qui écoutent les baleines, l’artiste propose des façons incarnées de partager le territoire avec celles-ci.
La performance participative : Rejouer la pouponnière (études de mouvement) est adaptée avec une scénographie qui évoque le théâtre amateur. Avec des instructions telles une partition, elle propose une façon aimante de tisser des liens avec les bélugas. Comme avec la pièce Berceaux (fragment), plusieurs pièces ont un écho avec la maternance ; on y voit par exemple une échographie vétérinaire d’un petit béluga, ou même avec Dent de lait les mamelles sont placées à même la dent sculptée dans le marbre d’une pierre tombale recyclée.
Une photographie qui s’intitule : La permission, laisse voir un œil de béluga qui nous mire. Cette image est une clé dans la démarche sur de nombreuses années qu’a effectuée l’artiste érigeant une archive thématique sur le béluga depuis 2012. Guidée par l’idée que la nature nous regarde agir, elle est devenue impliquée dans le milieu des urgences avec les mammifères marins et a pu d’ailleurs participer à des prélèvements scientifiques sur des baleines échouées. Elle dit parfois qu’elle a l’impression que ses premières entailles et coupes dans ces carcasses monumentales ont été ses premiers gestes de sculptrice. De cette expérience est né son désir de travailler avec de la matière naturelle dont le marbre de la Gaspésie. Habitées par l’expérience de terrain, ses pièces évoquent des fragments de baleine et des deuils.
En somme, l’exposition Retourner à l’eau dévoile de manière éloquente des récits qui déboulonnent les notions établies de nature et des rapports anthropomorphiques aux baleines. Comme les corps gracieux d’un troupeau de béluga, cette exposition met en lumière nos relations bienveillantes avec la nature.
Ici dans cette eau, les pierres deviennent des fragments de baleines portés par ceux et celles qui les écoutent.